Ancien commandant suprême allié pour la transformation de l’Alliance (SACT) de l’Otan, de 2015 à 2018, le général (2S) Denis Mercier a été auditionné le 5 mars par la commission Défense de l’Assemblée nationale.
Le député Fabien Lainé (Modem) l’a interrogé sur la politique de l’Otan dans le champ informationnel et sur l’existence d’une doctrine pour faire face aux agressions de ce type. Sa réponse :
Je vous remercie pour votre question sur le champ informationnel. Ce sujet est extrêmement sensible. Il n’existe pas de consensus des nations pour le prendre sérieusement en compte et étudier sa capacité offensive d’influence – aussi bien de nos propres populations que des populations adversaires, y compris les groupes terroristes. Pour autant, ce n’est pas pour cela que nous n’avons pas avancé. Nous avons considéré que nous devions au moins être capables, avec les technologies modernes qui existent, d’effectuer un « scan » de la façon dont un message est perçu, et quels sont les leaders de sa perception. Lorsque j’étais SACT, nous avons fait un test sur la base de reprogrammation des outils qui existent déjà dans le marketing. Certes, il n’existe aujourd’hui aucun consensus pour aller plus loin, mais c’est déjà un pas important, qui permet d’utiliser des sources ouvertes. Les Russes sont maîtres dans ce domaine. Nous devrions sans doute aller plus loin. Je pense que nous ne parviendrons jamais à nous mettre d’accord à 29 pays, mais qu’il faudrait commencer à réfléchir avec quelques-uns. En tout cas, c’est un sujet sensible parce qu’il touche à la manipulation. En résumé, il n’existe pas encore de doctrine dans le domaine du champ informationnel, si ce n’est la capacité à scanner ce qui existe pour mieux analyser les perceptions.
Pour l’officier, les efforts en termes d’influence doivent donc regrouper quelques pays capables et volontaires, en attendant des ententes au niveau de l’Alliance dans son ensemble. Une logique que l’on retrouve dans d’autres domaines, notamment capacitaires.